Reproduction de l'article paru dans CTN INFO, Circulaire A 1992, avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Par René CAVALLO, Secrétaire de la C.T.N.
Notre expérience de jury de MF2 nous a permis de constater, chez les
candidats, une indigence d'informations, parfois surprenante, tant sur la nature
de l'examen que sur les moyens de s'y préparer.
Aussi, les lignes qui
suivent ont pour but d'aider les futurs candidats à effectuer une juste analyse
de leur situation et à mettre en place leur stratégie personnelle de
formation.
Ils ne trouveront pas ici une méthode détaillée et
personnalisée de préparation à un examen, pas plus qu'un passeport pour la
réussite à tout coup. Il leur appartiendra de dresser un bilan de leurs acquis,
d'évaluer leurs lacunes ou leurs faiblesses pour déterminer enfin leur plan de
préparation à l'examen.
Jusqu'ici, votre rôle de MF1 a consisté à conduire un élève ou un groupe
d'élèves aux niveaux exigés par les différents brevets, du niveau 1 au niveau
IV. Vous êtes à même de juger si le niveau de compétences acquis par un élève
permet de lui délivrer le brevet correspondant.
Bref, vous avez acquis une
expérience certaine en tant que formateur et jury face à des élèves
plongeurs.
Désormais, si vous souhaitez aborder la fonction de MF2, vous
aurez à former non plus un apprenti-plongeur mais un
apprenti-moniteur.
Ce dernier est un plongeur, titulaire du Capacitaire,
qui maîtrise pour lui même le contenu théorique et pratique des différents
brevets, mais qui n'a jamais enseigné. Or, vous le savez, énoncer son savoir
n'est pas enseigner. Il vous appartiendra, à vous MF2, de mettre en œuvre les
moyens que vous jugerez nécessaires pour faire de ce capacitaire, un enseignant,
un pédagogue.
De formateur de plongeurs que vous étiez, vous allez devenir
formateur en pédagogie de la plongée.
Pour aborder dans les meilleurs conditions et avec le plus de chance de
succès les six journées d'examen du MF2, vous devez vous donner, au cours de
l'année préparatoire, des objectifs physiques, théoriques, pédagogiques et
psychologiques.
Vous connaissez les épreuves que vous aurez à subir à l'examen. En fonction
de celles-ci, il faut évaluer les performances dont vous êtes capable. A partir
de là, vous devez déterminer, avec l'aide d'un MF2 expérimenté, un plan de
travail et les différentes phases de votre entraînement.
Si la longueur
des épreuves de natation et l'accumulation des efforts physiques pendant les
journées d'examen, exigent de l'endurance, le barème établi en fonction du
chronomètre implique, bien évidemment, un travail de la vitesse. D'autre
épreuves, comme le sauvetage, demanderont des efforts en résistance.
Si
le travail de mise au point de ces trois qualités peut se faire en piscine, il
ne faut pas minimiser l'importance de l'entraînement en milieu naturel et en
situation réelle. On peut être un excellent apnéiste en piscine, et pourtant,
l'émotion de l'examen aidant, éprouver quelque appréhension pour descendre à 15
mètres dans une eau un peu fraîche ou pas tout à fait limpide.
De même,
l'aisance et la parfaite maîtrise de ses capacités mentales à 50 mètres ne
peuvent s'acquérir que par un entraînement dans cette zone là.
Le stage
final, proposé par la Commission Technique Nationale, ne vous permettra qu'une
dernière répétition de ces épreuves, et ne vous fournira que l'occasion d'une
ultime mise au point.
Pour être susceptible d'assurer la formation pédagogique d'un plongeur
capacitaire et apprenti moniteur, il est non seulement indispensable de
maîtriser avec la plus grande aisance le contenu théorique des différents
brevets, mais d'avoir effectué également un travail d'approfondissement et
d'actualisation de ses connaissances.
Le but des épreuves théoriques
écrites et orales du MF2 est de contrôler que ce double travail a bien été fait,
car il n'est pas concevable qu'un MF2 n'ait pas dépassé le niveau théorique d'un
capacitaire.
Cette exigence a un fondement pédagogique. En effet, le
futur MF2 ne sera pas capable de mettre en œuvre une stratégie de formation
pédagogique pour son élève moniteur s'il ne domine pas les connaissances
théoriques nécessaires à la pratique de la plongée.
Enseigner suppose une
maîtrise totale du contenu de sa discipline.
Des manuels, des annales
d'épreuves d'examen, des articles de revue constitueront pour vous une
documentation à exploiter. Une bibliographie non exhaustive est proposée à la
fin de cet article.
Suivre des cours facilitera également ce travail de
mise au point et de recherche, permettra d'apporter des réponses à vos
interrogations et vous amènera sans doute à vous en poser de nouvelles. Dans une
attitude d'ouverture d'esprit et de prise en compte de la diversité des
paramètres qui interviennent en plongée, le MF2 est un moniteur qui sait se
poser des questions en vue d'une élaboration pédagogique
constructive.
Ces cours sont mis en place de façon différente dans chaque
comité. Renseignez-vous auprès de votre CTR d'appartenance. Vous pourrez faire
une dernière mise au point de vos connaissances, au cours du "stage final"
proposé par la Commission Technique Nationale, mais ne faites pas l'erreur de
supposer que ce stage vous apportera la somme des connaissances nécessaires.
La spécificité de l'examen de MF2 est qu'il sanctionne un savoir faire dans
la formation de moniteur MF1 , c'est ce qu'on appelle la pédagogie au 2ème
degré.
De même que pour faire un cours, il faut parfaitement en maîtriser
le contenu, pour enseigner la pédagogie à un futur MF1, le candidat au MF2 doit
avoir une expérience confirmée d'enseignant.
Comment acquérir cette
compétence?
Par une pratique de l'enseignement de la plongée et par une
acquisition de connaissances théoriques en pédagogie, ces deux démarches
s'effectuant si possible simultanément.
Vos fonctions de MF1 ont dû vous
apporter trois types d'expériences:
- une expérience de la conduite de
palanquée qui a forgé le sens des responsabilités du moniteur,
- un vécu en
situation réelle absolument nécessaire certes... mais insuffisant pour un
candidat au MF2,
- une pratique éprouvée de l'enseignement de la plongée au
niveau préparatoire comme aux niveaux des différents brevets.
Seule cette
expérience permet de prendre conscience des difficultés des conditions
d'exercice de l'enseignement en plongée, et d'imaginer des solutions pour les
résoudre.
Tous les moniteurs ont eu à prendre en compte l'hétérogénéité des
niveaux intellectuels et physiques de leurs élèves, les différences de leurs
motivations sportives et de leurs aspirations personnelles et les difficultés
d'organisation matérielle de cet enseignement, jointes aux impératifs de
sécurité.
Pour la mise en place proprement dite des cours, le MF1 a une
bonne expérience de l'enseignement, connaît les difficultés spécifiques à chaque
exercice et les solutions éventuellement envisageables pour les aplanir. Il sait
élaborer un dispositif d'exercices cohérents dans leurs exigences et qui
répondent en même temps aux besoins de l'élève.
Enfin, l'expérience de
MF1 est aussi celle d'un examinateur. Vous avez délivré des brevets. Vous avez
participé à des jurys d'examen. Vous avez donc appris à évaluer des niveaux et à
les sanctionner.
Si votre expérience de MF1 est bien celle évoquée dans
les lignes ci-dessus, vous pouvez raisonnablement envisager d'être candidat au
MF2. Dans le cas contraire, il est inutile et prématuré de faire acte de
candidature. Prenez le temps d'acquérir une expérience d'enseignant : c'est en
forgeant...
De même que vous devez approfondir vos connaissances
théoriques, il est souhaitable, si vous ne l'avez déjà fait, d'enrichir votre
expérience pédagogique pratique par un élargissement de vos connaissances
théoriques en pédagogie. Ne vous dites pas qu'en matière de pédagogie, tout est
affaire d'intuition. S'il est vrai que c'est qu'en enseignant qu'on devient
enseignant, ne négligez pas pour autant les apports de la connaissance théorique
dans ce domaine.
Les données de l'individu, cognitives, affectives ou
physiques, les processus et les techniques d'apprentissage, les méthodes
d'évaluation, les techniques d'élaboration de plans de formation ont fait
l'objet d'études à caractère scientifique. Sans prétendre à une formation
théorique de spécialiste en pédagogie, vous aurez intérêt à acquérir un minimum
de connaissances, qui vous permettront d'établir avec plus de rigueur votre
méthode d'enseignement. En ce sens, vous pourrez consulter utilement la
bibliographie proposée à la fin de cet article.
Fort de votre expérience
de moniteur et armé d'éléments de méthode pédagogique, vous pourrez apprendre à
l'élève moniteur à enseigner un thème de pédagogie préparatoire, de pédagogie
pratique, ou encore à donner des cours purement théorique. Enfin, vous serez
surtout capable de lui faire sentir la nécessité d'avoir une conception globale
de son propre enseignement.
Le MF2 est un examen de haut niveau dont les épreuves sont d'autant plus
réalisables que le candidat est préparé psychologiquement.
La
programmation judicieuse d'un entraînement physique régulier et mis en place
suffisamment tôt constituera la meilleure garantie pour aborder sereinement les
journées d'examen. Cette sérénité dépend, en grande partie également, de la
capacité du candidat à prendre des distances vis à vis des autre
candidats.
L'idéal serait que, grâce à son travail personnel, à son
expérience de moniteur et à sa participation aux stages fédéraux de formation,
le candidat aborde l'examen comme la répétition d'un ensemble d'épreuves qui lui
sont familières et non comme un marathon semé d'embûches.
Le candidat aura
tout intérêt à se présenter à chaque épreuve avec confiance, décidé à mettre en
œuvre toutes ses capacités et les moyens dont il dispose sans préjuger du
résultat. Il devra également oublier l'épreuve précédente et éviter d'émettre
des conjectures. Dès qu'une épreuve est terminée, il est préférable de ne plus y
penser, de ne plus formuler d'hypothèses sur ce qu'il aurait fallu dire. Evitez
aussi de refaire l'épreuve dans de stériles discussions avec d'autres candidats.
Mieux vaut s'abstenir également de s'attribuer des notes. L'expérience montre
que, paradoxalement, même au niveau du MF2, les candidats savent mal s'évaluer.
Leurs critères ne sont pas forcément ceux du jury, et comme chacun sait, il est
difficile d'être juge et partie ! Dans le pire des cas, face à une contre
performance, se garder de tout défaitisme et poursuivre l'examen avec
calme.
Avoir confiance en soi, c'est avoir confiance dans un travail
accompli sur plusieurs années et qui a fait ses preuves. Le candidat aura tout
intérêt à se fier à son savoir et à son savoir-faire, sans essayer, à quelques
jours de l'examen, au cours d'un stage, d'adopter des canevas de travail
supposés avoir la faveur du jury. Il ne faut pas accorder trop de crédit à la
réputation des jurys, souvent faite par un candidat malchanceux à une session
précédente ou par des légendes complaisamment colportées. Pour votre gouverne,
sachez qu'il est plus pertinent de connaître l'esprit de l'examen que l'état
d'esprit attribué par la rumeur au jury.
D'une manière générale, pour
garder son sang froid, le candidat aura intérêt à négliger les remarques en tout
genre des autres candidats, que ce soit au stage ou pendant l'examen. Ne pas se
laisser gagner par le défaitisme ou la morosité de certains ou impressionner par
l'assurance quelque peu tonitruante d'un autre candidat. N'accordez qu'une
oreille distraite aux propos et aux conseils du brillant candidat de service,
recalé à la précédente session.
Au demeurant, l'examen de MF2 n'est pas
un concours. Ne passez pas votre temps à vous mesurer aux autres candidats.
Donnez simplement votre pleine mesure le jour des épreuves.
La Fédération propose deux types de formation en vue du MF2:
- "Un
stage Initial" destiné essentiellement à sensibiliser les candidats à la
pédagogie au 2ème degré. Ce stage, surtout théorique, a pour but de donner aux
candidats des pistes de recherche en pédagogie et d'orienter leur travail de
préparation. Munis de ces éléments, ces candidats, à l'issue du stage, devront
s'exercer dans leur club à la pratique de la pédagogie au 2ème degré. La
participation à ce stage ne conditionne pas la candidature à l'examen, mais
permet d'acquérir, en début de phase préparatoire, des notions de base en
pédagogie au 2ème degré.
Certaines C.T.R. organisent ce type de stage
sous diverses formes, stages de huit jours groupés ou fractionnés.
- "Un
stage final", d'une nature tout à fait différente. Ce stage devra être effectué
par le candidat lorsque celui-ci aura achevé sa phase de préparation
personnelle. Le stage prend en compte tous les aspects de l'examen, permettant
de faire les mises au point nécessaires dans chaque discipline. Il constitue
également une répétition de l'examen.
La plupart des candidats font
suivre immédiatement un tel stage de l'examen. Si cette option est la plus
fréquente, elle n'a cependant aucun caractère obligatoire.
Demandez auprès de votre C.T.R. d'appartenance, ou au siège national de la
Fédération, un dossier d'inscription aux stages et à l'examen.
Retournez ce
dossier complet à votre CTR qui, après avis, transmettra à la C.T.N à
Marseille.
Afin d'éviter les retards provoqués par les demandes de
compléments, n'adressez que des dossiers complets.
En 6 ans, il est apparu d'autres livres que ceux qui étaient cités dans l'article original, et la bibliographie de l'époque est un peu dépassée. C'est pour cela qu'elle n'a pas été reproduite. Elle peut vous être envoyée par mail si vous le souhaitez. Il existerait une bibliographie plus récente, mais je n'ai pas encore pu mettre la main dessus.
FFESSM - Commission Technique Régionale Bretagne et Pays
de Loire
Page modifiée le 06/02/99 - Pour toute question ou
commentaire, merci d'écrire au webmaster.